Lors de notre présence à Saint-Emilion, nous avons souvent entendu parler de la lamproie, ce fameux poisson, sorte d’anguille, qui aurait plus de 450 millions d’années. D’aspect peu sympathique avec sa bouche ventouse, ses dents qui semblent acérées, sa viscosité et sa forme, la lamproie serait pourtant un met de choix et elle est cuisinée depuis le Moyen-Age. Autant dire que les recettes sont anciennes, tout comme la tradition de la pêche à la lamproie.
Mais pour bien comprendre ce poisson, le mieux est d’entendre son histoire par ceux qui la connaissent le mieux, les pêcheurs. Avec la ferme du Cabestan, non seulement vous allez directement voir un pêcheur de lamproie, mais vous êtes également dans un lieu où elle est également cuisinée. La ferme du Cabestan était donc la place idéale, pour tout apprendre sur ce poisson préhistorique, qui n’a ici aucun secret puisqu’on la pêche depuis 3 générations.
La visite débute sur le ponton, au-dessus de la rivière Dordogne. Légèrement bercés par le doux balancement du ponton que vient caresser la Dordogne, la technique de pêche nous est expliquée, tout comme le cycle de reproduction et le voyage de la lamproie. L’accouplement a lieu entre mai et juin en rivière, puis la lamproie meurt. Les œufs qui ont été enfouis dans un nid de gravier au fond de la Dordogne finissent par éclore au bout de 5 jours. Les larves vont rester ensuite cachées pendant environ 5 ans dans les sédiments de la rivière jusqu’à devenir de petites lamproies de 15cm. Ces dernières peuvent maintenant entamer leur voyage vers l’océan en se laissant tout simplement porter par les cours d’eau. Elles atteignent le grand large vers l’automne ou l’hiver. Les lamproies y passeront 2 ans. Pendant ces deux années elles vont se nourrir de sang et de chair grâce à leur mâchoire ventouse qui leur permet de se fixer sur les autres poissons. C’est un peu pour cela que la lamproie est aussi appelée poisson vampire ! Après ces 2 années en mer, les lamproies bien nourries, elles font 1m pour 1.2kg, reviennent vers l’estuaire de la Gironde et vont tranquillement remonter la rivière Dordogne, toujours en se servant de leur bouche-ventouse. Car fainéante ou futée, la lamproie en s’accrochant ainsi à d’autres poissons, va se faire tranquillement et sans effort remonter.
A la ferme du Cabestan, la lamproie est pêchée de manière ancestrale. La pêche a lieu entre le mois de décembre et le mois de mai. On utilise des nasses, sorte d’entonnoirs, autrefois en osier, aujourd’hui en fer, que l’on va lester sur le lit de la rivière, où une fois la lamproie entrée, elle ne peut ressortir. Puis les nasses sont levées 2 à 3 fois par semaine. L’avantage de la ferme du Cabestan, c’est qu’ensuite la lamproie est immédiatement transformée sur place. Vous obtenez ainsi des produits du producteur au consommateur direct ! Et le poisson y est cuisiné de plusieurs façons. On y retrouve forcément la lamproie à la bordelaise, recette remontant au Moyen-Age, mais aussi des rillettes de lamproie, ou de la lamproie au vin blanc.
Bref, si l’on veut apprendre à connaître ce poisson, si on souhaite le déguster et si on a envie d’en ramener dans ses bagages, il faut forcément venir à la ferme du Cabestan ! Nous, nous l’avons goûtée cette fameuse lamproie et c’était super bon ! haut de page
Merci à l’office de tourisme de Saint-Emilion pour nous avoir permis cette découverte, et à Sabine Durand de la ferme du Cabestan pour son sympathique accueil.